Mes jeunes années dans l'Armée de l'Air.(Suite 11)

Les années dans le Personnel Navigant.
2.
 Indochine, 2ème épisode. Le Vietnam à Nha-Trang.

Nous ne séjournons que quelques jours à Saïgon pour les formalités de prise en charge et nous apprenons que c'est à Nha-Trang qu'on a besoin de nous. Alors embarquement sur cette destination nouvelle, par voie aérienne. Cette ville est en bordure de la mer de Chine à quelques 300 kms au nord de Saigon. Le pays semble très accueillant et plaisant au premier abord, et cette impression ne se démentira pas par la suite.
La base aérienne se trouve en bordure de mer , avec une superbe plage de plus de 6 kms.
Déception par contre par le genre de travail qui nous attend. Nous faisons partie de l'école Vietnamienne de pilotage , le CIAVN (Centre d'Instruction Air Vietnamien) Jusqu'à maintenant, cette école est sous le commandement d'un officier français, mais doit être transférée aux cadres Vietnamiens. Les avions " école " sont les anciens Morane-500 des groupes aériens d'observation et les élèves sont des jeunes Vietnamiens peu ouverts sur les questions techniques. Ces jeunes doivent effectuer un petit nombre d'heures de vol avec le lâcher en solo. Par la suite ils sont destinés à poursuivre la formation de pilote aux USA.
Pour mon ami Xavier et moi, se retrouver au manche de ce Morane alors que nous avions connu la fierté de piloter le quadrimoteur Languedoc, il y avait de quoi être déçus ! Malgré cela, nous avions quand même la compensation d'un cadre de vie presque idyllique. La guérilla commençait déjà malgré les accords de Genève entre le Nord et le Sud (en réalité, ça n'avait jamais cessé). Mais à Nha-Trang nous étions bien à l'écart de la bagarre, à l'écart également des intrigues politiques qui se déroulaient dans la capitale Saigon.
Prenant finalement les aléas de notre job avec détachement, il y avait tout lieu de passer un agréable séjour là-bas. La plage était le passe-temps favori et nous vivions nos loisirs plutôt entre Français. Nous étions environ une quarantaine de " coopérants ", ce nombre allant en diminuant au fur et à mesure que le Gouvernement V.N. se détournait de la France (vaincue à Dien-Bien-Phu) pour se tourner vers une Amérique puissante et bienveillante .
C'est au cours de ce séjour alors que je subissais une visite médicale de routine qu'un toubib me trouvait un " voile " à un poumon ( symptôme fréquent de la tuberculose). Je fus évidemment catastrophé, à cent lieues de m'imaginer telle maladie. Je fus envoyé immédiatement à l'Hôpital Militaire Grall de Saigon pour y subir des examens plus approfondis. J'expérimentais donc tubages et autres examens peu réjouissants, attendant le verdict pendant une semaine. Finalement , on ne trouva absolument rien, même pas de trace de ce voile observé à Nha-Trang ! Soulagé quoique vexé, je rejoignais donc ma villégiature en bord de mer. Je fus même gratifié d'un séjour de repos à Dalat (100 kms de Nha-Trang), station de montagne au climat proche de notre France pour me faire oublier l'aventure ! Ce repos était organisé dans un établissement militaire (interarmes) . Nous y étions soignés comme coqs en pâte, avec régime alimentaire très soigné et excursions touristiques .
Après cet intermède , retour à Nha-Trang et reprise du boulot. Nous avons la joie de voir arriver de nouveaux pilotes remplaçants les anciens, tels Pieroni et Ginet (on se retrouvera d'ailleurs plus tard à Avord) . Plaisir aussi de percevoir de nouveaux avions, plus agréables : les Cessna L.19 américains.
Les plaisirs de la baignade se voient momentanément déconseillés en Novembre/Décembre, période de mer très agitée avec aussi la présence de requins près de la côte. C'est ainsi chaque année ; après, nous reprenions nos loisirs dont le plus prisé était la plongée sous marine à la baie de Cau-Da tout proche. Plongée avec seulement masque et tuba sur des fonds de coraux superbes. C'est à Cau-Da qu'était la Villa Bao-Dai, l'une des résidences de l'ex-Empereur du Viet-Nam Bao-Daï (il était d'ailleurs plus souvent en résidence sur la Côte d'Azur qu'à Cau-Da qui n'avait pas de Casinos…) .
A peine un an après notre arrivée, nous apprenions que la mission d'assistance militaire française au Vietnam allait cesser et donc que nous allions rentrer en Métropole. Cette nouvelle réjouissait ceux qui étant mariés se languissaient de revoir leur famille. Pour ma part, cela m'était plutôt indifférent, je m'habituais sans peine à cette " villégiature " sur les bords de la Mer de Chine.
Février 1956 avait été un mois très rigoureux en France (aux environs de -20° pendant tout le mois) , cela allait beaucoup changer avec notre climat de Nha-Trang avec ses 25° minimum presque toute l'année. Nous rejoignions donc Saigon en bimoteur Dakota et de là, nous embarquions sur un DC.4 d'Air France en direction de Paris Orly où nous arrivions le 23 mars 1956. Fort heureusement, les grands froids étaient passés, on allait vers le printemps.
Heureux quand même de retrouver la France, je pouvais passer un congé d'un mois et demi, avant de regagner une nouvelle affectation. La traction était remise en route avec grand plaisir. Par contre, la moto avait été amputée de son carburateur par mon frère Pierre pour un dépannage de motoculteur… !

 

Vue aérienne de Nhatrang, plage et embouchure du fleuve

 

Sur la plage, Ginet et moi

 

Vue sur l'ile de Mieu, depuis Nhatrang

 

En vol au large de la plage et de la base aérienne.

Sur le parking, Cambredon et moi devant un Morane-500

Cauda, site idéal pour la plongée sous-marine

 

L'église de Nhatrang.

Lors de ce séjour comme moniteurs dans une école de pilotage Vietnamienne, nous avons eu la surprise de recevoir le diplome et l'insigne de pilote Vietnamien. Il y eut une remise officielle de ce diplome et insigne. Ils constituent des documents assez rares pour les présenter ici...

Les Ailes Vietnamiennes de pilote

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